TRANCHES DE VIE D'UNE LUPIQUE

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Un brin d'espoi... (Article de Presse)



Découverte d'un nouvel interrupteur de la réponse immunitaire


A l'Institut Curie, des chercheurs de l'Inserm viennent de découvrir un nouveau mécanisme qui contrôle le choix entre les deux lignes de défense que possède l'organisme lorsqu'il est attaqué. En réponse à la présence de virus ou de bactéries, le système immunitaire peut en effet déclencher une réponse rapide mais dépourvue de mémoire – l'immunité innée – ou une attaque plus longue à mettre en place mais ciblée – l'immunité adaptative.

Le prélude essentiel au bon fonctionnement de l'immunité innée est « l'allumage » de la protéine PI3-kinase. Une fois celle-ci activée, tout s'enchaîne jusqu'à la production des interférons, fers de lance de l'immunité innée, chargés de détruire les ennemis de l'organisme. Cette découverte ouvre des perspectives thérapeutiques puisqu'elle pourrait permettre de rétablir le bon fonctionnement de l'immunité innée, qui est suractivée dans les pathologies auto-immunes et inhibée dans certains cancers. Ces travaux sont publiés dans le Journal of Experimental Medicine du 18 février 2008.

Souvent confronté aux attaques extérieures (infection virale ou bactérienne) et parfois à la déficience de ses propres cellules (cancer), l'organisme se défend en activant son système immunitaire. Deux types de défense existent. La première est l'immunité innée : dépourvue de mémoire, elle veille en permanence afin de détecter les cellules anormales, tumorales ou infectées par un virus et les détruire. La deuxième, plus longue à se mettre en place, est l'immunité adaptative, spécifiquement dirigée contre un ennemi. Cette réponse nécessite une phase d'apprentissage au cours de laquelle les cellules du système immunitaire apprennent à reconnaître leur ennemi.

« Sentinelles » de l'organisme, les cellules dendritiques sont la première ligne de défense de notre organisme lors de l'intrusion d'agents pathogènes : elles reconnaissent les virus et les bactéries puis déclenchent une réponse immunitaire, qui selon les cas, peut être innée ou adaptative. En effet, en réponse à la présence d'un intrus, les cellules dendritiques dites plasmocytoïdes peuvent soit produire de grandes quantités d'interférons, des molécules déclenchant une réaction rapide contre les infections virales, soit se « spécialiser » et devenir des cellules capables d'apprendre au système immunitaire à reconnaître les pathogènes.

A l'Institut Curie, le groupe de Vassili Soumelis(1) (Equipe « Immunité et cancer » unité 653 Inserm/Institut Curie) en collaboration avec l'équipe de Franck Barrat(2), vient de découvrir comment s'effectue le choix de la réponse immunitaire dans ces cellules dendritiques. Dans un premier temps et quel que soit le type de réponse, la présence d'un intrus stimule le récepteur TLR, présent à l'intérieur des cellules dendritiques. C'est seulement ensuite que le choix s'opère entre les deux types de réponse. Si la voie de signalisation PI3-kinase est allumée, c'est la réponse innée qui sera alors déclenchée.
Concrètement, la kinase PI3 est l'interrupteur qui va activer toute une cascade de protéines à l'intérieur de la cellule. L'information relative à la présence d'un intrus dans l'organisme est ainsi véhiculée jusqu'à sa destination finale, dans le noyau de la cellule, où la protéine IRF-7 (facteur de transcription) va modifier l'expression de gènes spécifiques et donc le comportement de la cellule. Dans ce cas précis, elle va induire la production des interférons de type 1 (par exemple, l'interféron-alpha) qui vont quant à eux provoquer la destruction des virus et activer fortement diverses cellules du système immunitaire.

« L'activation de la protéine PI3-kinase est l'une des toutes premières étapes nécessaires à la production de grandes quantités d'interférons de type 1, aboutissant au déclenchement ou au renforcement de la réponse immunitaire innée » déclare Vassili Soumelis, médecin-chercheur à l'Institut Curie.

Or, dans certaines maladies auto-immunes, comme le lupus érythémateux disséminé(3) ou le syndrome de Goujerot-Sjögren(4), cette réponse innée est suractivée, entraînant une réaction de défense anormale du système immunitaire d'un individu, qui attaque ses propres cellules, tissus ou organes. En revanche, en présence de certains cancers, cette réponse est quasiment inexistante. Il se pourrait même que les cellules cancéreuses possèdent la capacité de bloquer la voie de signalisation PI3- kinase.

Avec cette découverte, Vassili Soumelis et ses collaborateurs espèrent, à terme, mettre au point de nouveaux traitements aussi bien contre les maladies auto-immunes qu'en cancérologie. En agissant sur la protéine PI3-kinase, il serait possible d'adapter la réponse innée : en l'inhibant dans le traitement des maladies auto-immunes et en la stimulant dans le traitement des cancers.

1 Vassili Soumelis est médecin assistant et chercheur Inserm en immunologie à l'Institut Curie.
2 Dynavax Technologies, Berkeley, Californie, Etats-Unis.
3 Le lupus érythémateux disséminé est une maladie inflammatoire touchant un grand nombre d'organes. Elle se caractérise par des atteintes articulaires ou musculaires, des manifestations cutanées, des atteintes rénales, mais aussi des problèmes sanguins, une inflammation au niveau des poumons ou du cœur et des atteintes neurologiques ou psychiatriques, de la fièvre.
4 Le syndrome de Gougerot-Sjögren est une maladie auto-immune systémique associant une sècheresse oculaire à une sècheresse buccale.





16/05/2008
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